LE BESTIAIRE DE WINTZENHEIM

La Guerre de 1914-18

(photo-montage Yannick Frank)

En rouge le numéro de la photo dans le livre


La première délivrance

Le 21 août 1914. - Le premier soldat français, un dragon descend la ville ; d'une main il tient sa carabine prête à faire feu, de l'autre il bride sa monture. Son oeil vif cherche l'ennemi. Ce n'est pas la foule sereine des habitants accourant sur son passage, qui l'émeut. A chaque coin de rue il redouble d'attention. Enfin il s'est assuré que l'ennemi a évacué, et il revient, sa carabine en bandoulière, fumant une cigarette. Il répond maintenant aux acclamations encore timides de la foule. - Deux heures plus tard, le 152e Régiment d'Infanterie fait son entrée triomphale à Wintzenheim. Vive la France ! Nous sommes français et 44 ans de séparation sont oubliés. 

Débordante de joie, la population se porte dans la rue pour saluer nos libérateurs. - On pleure, on s'embrasse ; au soir les restaurants se remplissent : soldats et civils trinquent, en frères retrouvés, à la victoire française. Jamais je n'ai vu tant de bonheur, autant d'heureux et pourtant c'est la guerre et même elle se déroule dans nos murs. Toute la chaîne des Vosges du Haut-Rhin est en possession des Français, Mulhouse, Thann, Cernay, Guebwiller sont délivrés ; les patrouilles françaises s'avancent jusqu'à Colmar, déjà abandonné par les Allemands qui paraissent avoir évacué jusqu'au Rhin, leur ancienne et vraie frontière.

Notre délivrance, hélas, ne devait être que le signe précurseur de la libération définitive. - Fidèle à sa mauvaise foi, au mépris des traités solennels, l'Allemand a violé la Belgique pour surprendre la France du côté le plus vulnérable, afin de faire plus ample conquête.

Les forces françaises qui devaient marcher vers le Rhin, sont reportées vers le Nord de la France et la Belgique pour arrêter l'envahisseur.

Notre commandant de place, le colonel Dossert, se dispose avec son régiment à se replier vers la crête des Vosges sur des positions quasi inexpugnables. Les officiers et les soldats nous font leurs adieux et nous rassurent en disant qu'ils reviendront les mains dans les poches. - Consolation cependant peu rassurante.

28 août 1914. - Nous descendons du Tabor pour monter au calvaire. Voyant que les Français n'avancent plus, le général allemand Deimling avec ses Landwehr badois et würtembergeois prend l'offensive. Nous sommes bombardés durant deux heures par les schrappnells* allemands, alors qu'il n'y a presque plus de soldats français dans la ville. 

Ingersheim est au niveau du front et a beaucoup souffert des obus allemands. 30 maisons y sont gravement endommagées ou brûlées..

Le dernier Français passe sous ma fenêtre ; c'est un poilu de la réserve, à la barbe de prophète antique... il s'arrête, lève son poing fermé vers les prussiens et dit ces mots devenus prophétiques : "Attendez, nous vous aurons là-derrière" ; et il part.

* Shrapnel : obus à balles, du nom de son inventeur, Henry Shrapnel (1761-1842).

Wintzenheim

 

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25 août 1914 - Près du 110 rue Clemenceau.

Le Colonel Dossert et son État-Major près de la chapelle Notre-Dame.
Wintzenheim était occupée par le 152e Régiment d'Infanterie
du 21 au 28 août 1914.

(Photothèque SHW 598)

Les Allemands reviennent

En colonnes serrées, les Allemands remontent la Grand'rue ; de leurs lourdes bottes ils frappent le pavé et semblent nous marcher sur le cœur. C'est une légion infernale. - Par crainte du bombardement, les habitants ont fermé les volets de leurs fenêtres et se réfugient dans les caves. Personne n'attend ces boches et cela les rend furieux. Au cri de "ouvrez les volets" (Läden auf) ils parcourent les rues, voyant en nous des ennemis, craignant de trouver dans chaque maison des soldats français cachés, alors qu'il n'en est rien. Leurs baïonnettes se croisent sur les poitrines des civils, des volets sont brisés à coups de crosse ; des habitants sont soupçonnés d'avoir tiré sur eux. Dans la chapelle "Notre-Dame du bon Secours", un allemand tue son camarade qu'il prend pour un soldat français et s'en va. Ceux qui suivent accusent le sacristain Ingold, qu'ils trouvent dans la cave de sa demeure, attenante à la chapelle, d'avoir été le meurtrier. On parle de le fusiller quoiqu'il proteste de son innocence et qu'on ne trouve aucune arme chez lui. Enfin, le soldat qui avait tué son camarade revient et reconnaît son erreur. Ingold est sauvé. - Heureusement que nous savions la langue de ces enragés, autrement il y aurait eu des massacres comme en Belgique et ailleurs.

Ainsi sont revenus après huit jours seulement d'absence, les Allemands, ceux qui prétendent être nos frères de sang, les mêmes qui précédemment, lors de leur retraite, venaient chez nous, affamés, et mangeaient les provisions qu'on leur donnait par pitié et sur ordre de leurs chefs, alors qu'ils manquaient de ravitaillement...

Source : photo et textes extraits de "Sous les drapeaux de l'envahisseur - Mémoires de guerre d'un Alsacien ancien combattant 1914-1918", Eugène Bouillon.

* * *

Lire aussi : "Été 1914, Wintzenheim dans la tourmente", un article très bien documenté de Ludovic Conte (20 pages avec illustrations)
paru dans l'Annuaire n° 2 - 1998 de la Société d'Histoire de Wintzenheim.


Des photos exceptionnelles

Les photos qui suivent sont dues principalement à Auguste Andrès (1881-1945), chimiste et photographe. Ingénieur chimiste, il possédait son propre laboratoire dans un petit bâtiment situé en bordure de la rue Principale, à gauche de la maison où habitait la famille Andrès (rue Clemenceau / angle rue du Galz). Il y fabriquait l'encre que lui achetaient les écoles et les enfants de la commune. Il produisait également la sciure colorée destinée aux autels érigés pour la procession de la Fête-Dieu.

Wintzenheim 021

Auguste Andrès (à gauche) joue aux cartes dans son laboratoire avec ses amis.
(collection Louis Rudloff)

Wintzenheim 022

La maison Andrès, construite vers 1880, possédait une toiture avec mansardes et se trouvait rue Clemenceau / angle rue du Galz. A gauche, le laboratoire d'Auguste Andrès. A l'arrière, la "Fawrikla", petit atelier des tissages Haussmann.
(Photothèque SHW 192)

 

Auguste Andrès était également photographe, et développait ses clichés dans son propre laboratoire. Il a laissé de nombreuses photos de Wintzenheim réalisées durant la période 1910-1920, et notamment une série de clichés retraçant la vie des soldats allemands en garnison dans la commune pendant la guerre de 1914-18. Ce fonds qui a aujourd'hui valeur d'archives a pu être sauvé grâce au collectionneur Edmond Schillinger.

Wintzenheim

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Étiquette de 1915 pour boite à photos

(collection Guy Frank)

Avec ses amis, l'instituteur Jules Rudloff (le fils du sculpteur qui a créé le monument aux morts de Wintzenheim en 1921) et Auguste Haeffele (né en 1889 et qui deviendra maire en 1953), Auguste Andrès avait créé vers 1915 le premier club-photo de Wintzenheim, comme en témoigne cette étiquette comportant les initiales A (Andrès), R (Rudloff), H (Haeffele).


Chronique des Sœurs enseignantes durant la guerre de 1914-18

Les légendes des photos qui suivent ont été rédigées en s'inspirant de la chronique de l'école de filles tenue à partir du 1er novembre 1913 par la communauté des Sœurs enseignantes de Wintzenheim. Cette chronique, dont l'original est archivé au couvent de Ribeauvillé, a été instaurée dès l'arrivée de la supérieure Sœur Mathias. Elle relève, jour après jour, les événements qui ont marqué la dure vie de l'école, mais aussi celle de la commune, durant toute cette période 1914-18.

Wintzenheim 024

- Les Sœurs enseignantes de Wintzenheim avant la Première Guerre Mondiale. Assise au milieu, la supérieure Sœur Pierre (Louise Mathias, née le 24 juin 1864 à Weyersheim, décédée le 19 décembre 1918 à Wintzenheim) venue le 29 octobre 1913 d'Achenheim près de Strasbourg où elle dirigeait la Communauté depuis le 15 octobre 1906.

(Photothèque SHW 520)

Les textes manuscrits, écrits en allemand gothique du 1er novembre 1913 au 15 novembre 1918, ont été retranscrits et traduits par le professeur d'histoire à la retraite, Charles Zumsteeg de Colmar, puis traduits par Jacqueline Strub, membre de la Société d’Histoire de Wintzenheim.

Wintzenheim 025

Automne 1914 - Avenue de Lattre.
Le long de l'avenue Jean Kiener (qui deviendra, le 7 février 1965, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny), une compagnie du 121e régiment de Landwehr wurtembergeois fait une halte sous les marronniers de la place des fêtes, le Kelwaplàtz, de Wintzenheim. Sur le panneau, on peut lire :
Radfahrer-Comp / Feldzug 1914
Compagnie cycliste / Campagne 1914

(Photothèque SHW 459)

Wintzenheim 026

1914-18 - 103 rue Clemenceau.
Cette maison était habitée par la famille du gendarme Herschelmann, réputé pour sa sévérité et son autoritarisme. Comme il était prussien, il fut obligé de quitter l'Alsace en 1919.
(collection Edmond Schillinger)

Wintzenheim 027

Juin 1915 - Route de Munster à Wintzenheim.
Pendant les combats de 1915, les villages du fond de la vallée de Munster étaient pris sous le feu de la bataille et furent détruits. Leurs habitants durent les évacuer d'urgence sur ordre du commandement militaire. Ce sont d’abord, entre le 8 et le 11 juin, les familles de Metzeral et Sondernach qui empilèrent en toute hâte sur le char à ridelles lits et meubles afin de les sauver de la destruction et les conduire hors de la vallée.
(Photothèque SHW 506)

Wintzenheim 028

Juin 1915 - Route de Munster.
Le 19 juin arrive l’ordre d’évacuation de Muhlbach et Breitenbach signé von Bahrfeld, général d’infanterie. Hommes, femmes et enfants doivent se rendre avant le 24 juin 9 heures à Colmar où ils ont à se signaler à la Kreisdirektion. C'est ainsi qu'à Wintzenheim on vit passer la population de la vallée de Munster fuyant les combats avec meubles et bagages pour chercher refuge dans la plaine. Le photographe est monté sur la route de Munster, en direction de Saint-Gilles. Là, il a rencontré ces familles fuyant la guerre. Là où les hommes étaient enrôlés dans l'armée, les femmes avaient la charge de toute la famille.
(Photothèque SHW 631)

Wintzenheim 029

Juin 1915 - Route de Munster à Wintzenheim.
Évacuation de la vallée de Munster. Ce sont les troupes d'intendance allemandes qui organisaient ces évacuations et qui escortaient les civils vers la plaine. Des vivres, en particulier de la farine et des provisions de fourrage sont acheminés vers Colmar à la direction du Kreis. Les sentinelles entre Breitenbach et Colmar avaient ordre de laisser libre passage sans laisser-passer aux habitants de Muhlbach et Breitenbach sur tous les chemins vers Colmar. Assis au bord de la route : l'instituteur Jules Rudloff.
(collection Louis Rudloff)

Wintzenheim

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Juin 1915 - 91 rue Clemenceau.
Devant l'Hôtel Meyer : les exilés de la vallée de Munster fuient les combats avec tout ce qui roulait et pouvait être chargé de leurs affaires. Un certain nombre d'habitants de Muhlbach et Breitenbach trouvèrent refuge chez des membres de leurs familles au Logelbach car les établissements Haussmann avaient aussi une usine à Breitenbach.
(collection Marie-Antoinette Laurent-Tag)

 

Wintzenheim

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Juin 1915 - Aux environs du 107 rue Clemenceau.
L’ordre d’évacuation de la vallée de Munster stipulait que tout le bétail devait être mené à Colmar et mis à l’abri dans la caserne des Dragons. C'est ainsi qu'à Wintzenheim on vit passer les exilés avec leurs troupeaux.
(Photothèque SHW 593)

Wintzenheim

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Juin 1915 - Devant le 1 rue Clemenceau (maison de retraite).
Les habitants de la vallée de Munster et leurs troupeaux fuyant les combats vers la plaine passent devant l'hospice de Wintzenheim.
Photo prise depuis la maison Wantzen (Arthuss)
Le garage Lauber et les bâtiments d'habitation en face de la maison de retraite n'existent pas encore.
(collection Annelise Feur-Wantzen)

 

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1915 - Rue Albert Schweitzer.
Pendant la Première Guerre mondiale, Wintzenheim n'était pas zone de combats, mais servait de base arrière à l'armée allemande. Les soldats vivaient dans le bourg et bien des bâtiments étaient réquisitionnés pour les besoins des militaires. Le photographe a saisi quelques scènes de cette vie de garnison. Ici, un officier d'artillerie bavarois coiffé de son casque à pointe pose fièrement devant le Bierkeller.
(Photothèque SHW 594)

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1915 - Dans la cour de la maison Andrès.
Cinq officiers allemands qui logeaient dans cette belle demeure.
(Photothèque SHW 487)

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1915 - Dans la cour de la maison Andrès.
Deux officiers allemands à cheval.
(collection Marc Haeffelé)

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1915 - Dans la cour de la maison Andrès.
Officier bavarois.
(collection Marc Haeffelé)

Wintzenheim

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1915 - Dans la cour de la maison Andrès.
L'abbé Joseph Meyer, président fondateur de la société de gymnastique Constantia, avec des officiers bavarois.
(Photothèque SHW 463)

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1915 - Dans la cour de la maison Andrès.
Officier allemand du 92e régiment d'infanterie de réserve de Braunschweig.
(collection Edmond Schillinger)

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1915 - Devant la maison Andrès.
Cavaliers allemands descendant la rue principale. A gauche, le Bachla, la rigole alimentée par une déviation de la Fecht. Après avoir desservi le Waschhüss (lavoir fermé aujourd'hui disparu) au 111 rue Clemenceau, cette eau descendait tout le long de la rue Principale et irriguait la Stiermatt, actuellement faubourg des Vosges.
(Photothèque SHW 614)

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1915 - Près du 96 rue Clemenceau.
Cavaliers allemands descendant la rue principale.
(collection Marc Haeffelé)

Wintzenheim

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1915 - Devant la maison Andrès.
Sous-officiers allemands : au centre, un uhlan bavarois avec ses guêtres de cavalier. La petite fille debout devant le 103 rue Clemenceau s'appelait "Elsala".
(Photothèque SHW 474/499)

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Hiver 1915-16 - Derrière la Chapelle Notre-Dame.
Les officiers de la cavalerie allemande, logés dans la maison Andrès, s'entraînent sur les prés derrière la chapelle toute proche.
(Photothèque SHW 508)

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Hiver 1915-16 - Derrière la Chapelle Notre-Dame.
L'un des officiers de la cavalerie allemande, logés dans la maison Andrès, s'entraîne sur les prés derrière la chapelle toute proche. A l'arrière de la selle, on distingue sa baïonnette-dague d'officier.
(Photothèque SHW 708)

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Hiver 1915-16 - Derrière la Chapelle Notre-Dame.
L'un des officiers de la cavalerie allemande, logés dans la maison Andrès, s'entraîne sur les prés derrière la chapelle toute proche.
(collection Edmond Schillinger)

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1916-17 - A l'arrière de la maison Andrès.
Moment de détente : les officiers allemands qui logent dans la maison Andrès posent autour de l'étang situé sur la propriété. A l'arrière, les tissages Haussmann (actuelle rue du Galz), à droite le rucher.
(collection Edmond Schillinger)

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1914-18 - A l'arrière de la maison Andrès.
Officier allemand qui semble blessé au bras droit. Au fond du jardin, un calvaire et une volière.
(collection Edmond Schillinger)

Wintzenheim

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1915 - Dans la cour de la maison Andrès.
Le jeune Paul Schaffner (1912) pose sur la monture d'un cavalier allemand sous l'œil attentif de sa maman.
(collection Marc Haeffelé)

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1915 - Dans la cour de la maison Andrès.
Un cavalier de la Reservekavalerieabteilung 8 bavaroise en uniforme de uhlan. Les unités de cavalerie (uhlans, dragons, chasseurs à cheval) n'étaient pas nombreuses dans la région ; elles étaient chargées de missions de déplacements entre le front (secteur de Munster) et l'arrière (Colmar et ses environs) ainsi que de missions d'escorte (de prisonniers, de patrouilles, de messagers).
(photo extraite de "Scènes de tranchées dans les Vosges - La mémoire des photos et des cartes postales 1914-1916" - Éric Balmier et Daniel Roess - Éditions du Rhin 2002)

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15 août 1915 - Route de Colmar près de la Croix-Blanche.
Wintzenheim reçoit la visite de sa majesté le roi Louis de Bavière, venu inspecter ses troupes qui se battent dans les vallées de Munster et de Kaysersberg. Il visite les hôpitaux militaires installés à Wintzenheim, guidé par le baron von Stein (Freiherr von Stein), le Kreisdirektor et de nombreux généraux, et réconforte les blessés par une poignée de main. Le roi de Bavière passe ensuite en revue le 8e escadron de cavalerie de la 8e Division de Réserve Bavaroise.
(collection particulière)

Wintzenheim 050

15 août 1915 - Route de Colmar près de la Croix-Blanche.
Louis III, roi de Bavière passe en revue les troupes d'uhlans chevau-légers (cavaliers armés d’une lance et coiffés de la tschapka) de la 8e Division de Réserve Bavaroise. On reconnaît von Stein au premier plan. NB : Les chevau-légers (sans x au singulier comme au pluriel) sont des soldats appartenant, comme leur nom l’indique, à la cavalerie légère.
(collection particulière)

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28 juin 1915 - Rue Clemenceau devant la place de l'Église.
Parade militaire du 73e régiment d'infanterie de réserve devant le général en chef (General-Oberst) von Falkenhausen et le général von Gaede. La force de l'armée s'affirmait par des manifestations de puissance. Les officiers à cheval passent devant la place de l'église ombragée où joue la fanfare du régiment qui logeait à l'école maternelle. A l'arrière, le bâtiment de l'hôtel de ville.
(collection Edmond Schillinger)

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Juillet 1915 - Rue Clemenceau devant la place des fêtes.
Au cours de la bataille de Metzeral, l'armée allemande a fait des prisonniers. A la hauteur de la place des fêtes, les chevau-légers armés de leurs lances emmènent fièrement un groupe de chasseurs alpins. A droite, la gare en bois du train à vapeur Colmar-Wintzenheim. Au centre, le hangar de la locomotive, où pénétraient les rails. NB : Les chevau-légers (sans x au singulier comme au pluriel) sont des soldats appartenant, comme leur nom l’indique, à la cavalerie légère.
(Photothèque SHW 469/573)

Wintzenheim 053

Avril 1915 - Devant le 56 rue du Mal Joffre (Schaffar).
La 3ème compagnie du 22ème RJR, Régiment royal bavarois d'Infanterie de Réserve qui a combattu en février 1915 au Reichsackerkopf. Elle pose ici en face de la Laurentia où se trouvait l'un des six Lazarets (hôpitaux militaires) installés à Wintzenheim. Les cinq autres étaient situés au cercle catholique (pour ceux qui souffraient des oreilles, du nez, des yeux), dans la maison Bloch près de la pharmacie, à la brasserie Gspann, au Wintergarten (Rest. A la Ville de Colmar), et dans la maison d'école (maternelle). Le 56 rue du Mal Joffre était habité depuis l'automne 1912 par l'instituteur Émile Muller et son épouse Anne-Marie ; mais suite aux combats dans la vallée de Munster, le rez-de-chaussée était occupé par le service des impôts qui a été déplacé de Munster.
(collection Daniel Roess)

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Juillet 1915 - Devant la maison Andrès.
Un muletier allemand de la 3e compagnie du 22e RJR avec un âne et une mule. On le retrouve à droite sur la photo précédente.
(collection Edmond Schillinger)

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1915 - Devant la maison Andrès.
Le jour où les cuisines roulantes se mirent en route pour les champs de batailles de la vallée de Munster, le photographe n'a pas manqué de fixer l'image.
(Photothèque SHW 464)

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1914-18 - Logelbach.
Près de la gare : troupeau de chèvres mené par des soldats allemands. A gauche : M. Haeffelé, père du maire Auguste Haeffelé.
(Photothèque SHW 178)

Wintzenheim 057

1915 - Saint-Gilles.
Militaires non combattants du Landsturm, venus en calèche au restaurant "Pflixbourg". Photo prise sur le côté de l'établissement.
(collection Edmond Schillinger)

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1915 - La Forge.
Le restaurant pour soldats "Au Lion Bavarois" (Soldaten Wirtschaft Zum Bayrischen Löwen) de la 8e Bayrische Reserve Division à l'entrée Est de La Forge, rue de la Gare. On y servait la bière de Munich, en bas à la "Mannschafts Schenke" bistrot destiné aux hommes de la troupe, et dans la partie haute, à la "Offz. Schenke", cabaret réservé aux officiers.
(collection Daniel Roess)

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1914-18 - Saint-Gilles.
Les soldats allemands avaient construit un petit chalet au fond du vallon. Il fut rasé en 1919-20. Sur le rocher qui se trouve juste à sa gauche, ils avaient gravé Gott straffe England - Dieu punisse l'Angleterre - et après la guerre, une main anonyme y avait ajouté und seine Feinde - et ses ennemis. Dans le pré, on aperçoit la source qui alimentait le prieuré.
(Photothèque SHW 492)

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1915-16 - Saint-Gilles.
Photo insolite car ces soldats prussiens, wurtembergeois et bavarois, au repos devant une de leurs constructions en bois, tiennent chacun un lapin dans les bras.
(collection Edmond Schillinger)

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1914-18 - Saint-Gilles.
Derrière la ferme : à gauche, on distingue le cantonnement des soldats allemands qui gardent un dépôt de munitions.
(collection Edmond Schillinger)

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1914-18 - Saint-Gilles.
Derrière la ferme : on reconnaît le chemin montant vers le Pflixbourg, premier virage à gauche.
(collection Edmond Schillinger)

17 novembre 1918 : accueil des troupes françaises à Wintzenheim

Ce dimanche 17 novembre 1918, Wintzenheim a offert aux chers Français une réception splendide. Déjà quelques jours auparavant on était occupé secrètement à faire des drapeaux tricolores et des guirlandes. Au jour fixé, tout le village présentait une vue superbe.

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(Photothèque SHW 635)

Wintzenheim

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(collection Fernande Gavillot-Scherrer)

 

 

17 novembre 1918, rue Clemenceau : entrée triomphale des troupes françaises à Wintzenheim.
A gauche, on distingue les épiceries Albert Stoll et Ecco alors situées 79 et 81 rue Clemenceau.

Wintzenheim 065

(Photothèque SHW 637)

066 - Photo GU-D06

(Photothèque SHW 638)

Un arc de triomphe a été érigé devant la mairie avec l'inscription "Vive la France ! Vive l'Alsace !". La population attendait avec impatience l'arrivée des vaillants libérateurs. Un cortège d'Alsaciennes, précédé par le vieux drapeau de 1870 depuis ce temps là soigneusement caché, allait à leur rencontre. Vers 14 heures une Division parut dans la vallée de Munster, qui devait se partager dans les environs. Les 3500 soldats qui devaient occuper notre village se trouvaient encore en chemin. Tout à coup des cris d'enthousiasme se firent entendre de tous côtés : 

"Soyez les bienvenus ! Vivent nos libérateurs ! Vive la France !". 

067 - Photo GU-D03 (CV-103)

(Photothèque SHW 642)

068 - Photo GU-D04 (CV-23)

(Photothèque SHW 641)

17 novembre 1918 : les troupes françaises défilent à Wintzenheim.
A gauche, l'hôtel de ville. Sur l'arc de triomphe, on peut lire "Vive la France". 

 

069 - Photo GU-D05

17 novembre 1918 : les troupes françaises sont accueillies sur la place de l'église par la population de Wintzenheim en liesse. De mémoire d'homme, on n'avait jamais vu autant de monde sur la place de l'église. Au fond, les officiers à cheval. 

(collection Jean-Pierre Meyer)

Monsieur le colonel Rapp entouré de ses officiers s'arrêta sur la place de l'église. Les clairons entonnaient la Marseillaise qui a été écoutée pour la première fois avec une vraie dévotion par une immense foule, le colonel assis sur son cheval, l'épée en l'air, et les soldats plantés autour de lui. Monsieur le Curé Alphonse Straumann et Monsieur le Maire René Birgy ont prononcé des discours. Mademoiselle Marie Grad s'adressa au colonel et à ses troupes par ces mots :

Messieurs les officiers et soldats de France,

Permettez à une jeune fille de Wintzenheim de vous remercier en ce jour d'être venus au milieu de nous en libérateurs, d'avoir chassé devant vous ceux qui depuis si longtemps étaient pour nous de farouches conquérants. L'heure est venue où nous pouvons respirer librement à l'entrée de notre belle vallée, nos cœurs battent à l'unisson avec le cœur français. Vous pouvez le constater en traversant nos villes et nos villages, partout vous trouverez le même enthousiasme, partout le même accueil cordial, partout la même joie, le même bonheur. Merci d'être venus !

Le jour de votre entrée à Wintzenheim sera pour vous tous un jour inoubliable et sera écrit en lettres d'or dans nos annales. Et comme gage de notre affection pour la France et pour l'armée française, veuillez accepter, Monsieur le Colonel, ce bouquet.

Vive la France notre libératrice !
Vive la vaillante armée Française !
Vive l'Alsace française !

Source : textes tirés de la Chronique des Sœurs enseignantes de Wintzenheim.


Restrictions alimentaires

1918 - Le ministre de l'agriculture prussien a déclaré la guerre à la race porcine. - "Le porc, dit-il, c'est le neuvième ennemi de l'Allemagne". Pourquoi ? parce qu'il mange de préférence les patates et le blé. Hérode d'un nouveau genre, il a frappé de la peine capitale tous les porcelets jusqu'à l'âge de trois mois. Ainsi périrent en un seul jour à Wintzenheim 60 petits cochons ; ce fut en somme pour l'Allemagne une victoire rapide et complète. - On ne voit plus aucun homme gros ; finis, les 100 kg ; tout le monde a dû serrer sa ceinture, seul notre gendarme H. put se payer le luxe d'un festin pour la première Communion de sa fille et il ne lui coûta pas cher du tout. C'est en effet ce gendarme qui donne l'avis favorable ou défavorable : "Non suspect ou suspect d'opinion politique anti-allemande" aux permissionnaires, pour que ceux-ci puissent revoir leur famille, et l'ostracisme du gendarme est sans appel. Pour attirer sa clémence sur leur mari mobilisé, les femmes des cultivateurs lui font à l'occasion une agréable surprise.

Source : "Sous les drapeaux de l'envahisseur - Mémoires de guerre d'un Alsacien ancien combattant 1914-1918", Eugène Bouillon.

070 - Photo GU-C39

1918 - 49 rue Clemenceau.
Vers la fin de cette guerre, la population civile d'Alsace connut une dure période de privations. Tout était rationné et il fallait patienter longuement pour acheter quelques rares vivres. En 1918, le ravitaillement communal était organisé sous la surveillance de l'abbé Meyer et du commissaire Stoessel. Comme l'indique le tableau noir accroché à côté de la porte du salon de coiffure (Friseur), on s'y procurait pommes de terre, lait, beurre, café (Kaffee, Kornkaffee, Malzkaffee), mais aussi chandelles,  savon, et autres produits de première nécessité. Nota : ne cherchez pas, cette photo est l'une des très rares de ce Bestiaire (4 en tout) ne comportant pas d'animal.
(collection Louis Rudloff)

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